Déclaration de poétique générale, UNEQ
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23 octobre 2014
Rodney Saint-Éloi, écrivain, éditeur à Mémoire d’encrier
Mesdames, messieurs, camarades,
Je veux vous dire merci.
Merci d’être ici.
Merci d’être là où Nelligan nous regarde et nous parle.
Ce soir, je pense à Hubert Aquin. Je pense aussi à Jacques Roumain et à Anne Hébert. Je surprends Magloire Saint-Aude en train de dialoguer avec Roland Giguère. J’ai besoin de ces liens pour me retrouver et me projeter dans les mots et dans le monde.
Merci d’être là où vous tous êtes : lectrices, lecteurs, amies, auteurs, éditeurs, enseignants, libraires, bibliothécaires. Vous tous, vous êtes engagé dans la cause du livre. Nous écrivons ainsi une histoire nouvelle de la ville. Nous inscrivons dans ses paysages et ses rues nos mémoires, nos mots nos amours, nos langues, Nous les mêlons ensemble dans un grand panier et les imaginons vifs et lumineux. Et toutes ces histoires et toutes ces vies d’avant et à-venir, et toutes ces morts qui parlent dans nos voix trouvent leur place ici. Nous sommes cette multitude d’histoires qui fait de nous des êtres de mémoires. Des mers tourmentées et des oiseaux fous. Vous tous êtes pris dans ce labyrinthe appelé vivre. Vivre en marchant dans ses propres cris. Vivre en voyageant dans ses propres mots. Vivre dans la proximité de soi. De ses rêves et de ses mythes.
Vivre en disant peut-être ce soir comme Davertige que nous avons tous une légende à dérouler pour faire miroiter les légendes de l’aube ; nous avons tous quelque chose à défendre, un feu à allumer. Peut-être qu’une phrase inachevée nous attend tous au détour d’une nuit.
Je suis à vous parler et voici que je me demande ce soir le sens de cette rencontre.
La question du sens est essentielle parce qu’elle invite à ne pas abandonner les mots. Elle invite à résister et à rester debout. Le sens de cette rencontre est ce besoin profond de tendresse, de poésie, d’amour et de consolation. Le sens de cette rencontre demeure ce manifeste à l’amitié et à la vie.
Le sens de cette rencontre est de renouveler le message de la poésie, le message du livre qui reste un pari sur la vie, un pari sur l’espoir, un pari sur la vérité. Et puisque Mémoire d’encrier n’est pas un discours, je vais disparaître très vite pour laisser toute la place aux auteurs et à cette utopie appelée lire et écrire qui nous rassemble au plus fort de ce que nous sommes, mais aussi et surtout, pour dire la nécessité de ne pas trahir l’héritage le plus précieux qui nous soit donné, c’est-à-dire le livre.
Le sens de cette rencontre, je vous dois bien la vérité, est naturellement le livre. Le sens du livre est qu’il nous confronte à notre propre altérité. Pourquoi écrivons-nous des livres ? Pourquoi publions-nous des livres ? Pourquoi lisons-nous des livres ? C’est simplement pour se faire des amis. Mémoire d’encrier aura accompli sa mission si le livre pouvait être cet objet précieux d’amitié et de tendresse, si la littérature pouvait être cette fête intime dont rêvait mon ami Dany Laferrière.
Alors fêtons… chers amis.
(Rodney Saint-Éloi, Déclaration de poétique générale, Uneq, 23 octobre 2014)
23 octobre 2014 — Mémoire d’encrier célèbre sa rentrée littéraire à La Maison des écrivains.
Nous disons MERCI à l’UNEQ, au restaurant Méli-Mélo, aux auteurs, lecteurs et gens du milieu du livre.
Une émouvante soirée remplie de manifestations culturelles : exposition, lecture, déclaration, buffet créole, dégustation de vin et rhum, danse au son de Tabou Combo… ont contribué à la réussite de cet événement.
Cette soirée a été un véritable succès pour les écrivains et l’équipe de Mémoire d’encrier. MERCI de votre présence et à très bientôt!
Quelques moments de la soirée du 23 octobre 2014
Salon Émile Nelligan
Déclaration des écrivains Dany Laferrière et Rodney Saint-Éloi.
Joséphine Bacon (Un thé dans la toundra / Nipishapui Nete Mushuat) Finaliste, Prix du Gouverneur général
Lecture du recueil de poésie « Orange sanguine » de Laure Morali. Présentation et lecture de Louise Dupré et Isabelle Miron.
Maguy Métellus et Virginia Pésémapéo Bordeleau, auteure du roman « L’enfant hiver »
Danse à La Maison des écrivains – UNEQ
Pour plus d’information, lisez
La rentrée littéraire de Mémoire d’encrier
- L’enfant hiver, roman de Virginia Pésémapéo Bordeleau : Voir un enfant mourir, le sien
- Fuites mineures, roman de Mahigan Lepage : Un chant sauvage qui éclate frontières et horizons…
- Quartz, roman de Joanne Rochette : Une appropriation du monde à travers les sens
- Les brasseurs de la ville, roman de Evains Wêche : Voyage à travers le Port-au-Prince des quartiers pauvres
- Une géographie populaire de la Caraïbe, essai de Romain Cruse : Une géographie humaine. La terre racontée par ceux et celles qui l’habitent
- Monsieur Toussaint • Misyé Tousen, de Édouard Glissant : Toussaint Louverture, le Spartacus noir, héros de la révolution populaire haïtienne
- Aimé Césaire, la part intime, essai de Alfred Alexandre : Césaire dans ce qu’il a de déchirant et d’humain
- Sotto l’immagine, essai de Nathanaël : Une réflexion sur la traduction et son impossibilité
- Orange sanguine, poésie de Laure Morali : offrir le monde dans un fruit
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