Laisse (rejet apparent)
-
Vient de paraître
Lancement à Montréal, jeudi 20 octobre 2016 – Maison des écrivains
Nathanaël
Cette guerre tire à toutes les autres guerres.
La traversée d’une pièce sur le point d’un départ réitéré. Comme d’une géographie précisément bousculée. Avec comme unique impulsion une phrase qui dit à la fois la porte et le palier, l’insoluble traversée d’une limite sans cesse dénoncée et qui fait se décliner le verbe être avec une brutalité qui appartient à son secret — à son rejet apparent. Laisse : si c’est une photographie elle n’est documentaire que par sursis, par l’épuisement qui fait se refondre les murs d’une ville à leur seule idée.
Nathanaël est l’auteure d’une vingtaine de livres écrits en anglais ou en français dont notamment Feder, L’heure limicole, The Middle Notebookes, et chez Mémoire d’encrier Sotto l’immagine. L’essai de correspondance, L’absence au lieu (Claude Cahun et le livre inouvert), dont la contre-verse Absence Where As (Claude Cahun and the Unopened Book) est également signée Nathanaël, est une parmi plusieurs (auto-) traductions à qui il manque une version originale. Traducteur également, d’ouvrages de Hervé Guibert, Danielle Collobert, Édouard Glissant, Catherine Mavrikakis, et Hilda Hilst (cette dernière en collaboration avec Rachel Gontijo Araújo), Nathanaël vit à Chicago.
- Lire les notes biographiques de Nathanaël
- Feuilleter un extrait en ligne (format PDF)
- Télécharger le communiqué.
978-2-89712-423-6 4,25 x 6,75 19,95$ 96 pages 18 octobre 2016
disponible en format numérique
- (c) Nathaniel Feis
Extrait :
Ce livre aura eu trois temps, au moins. Sa première écriture remonte à 2006. Elle a fait le relais entre deux corps, morts, dont ni l’un ni l’autre n’a été enterré. Il faut entendre dans ce mot deux, un chiffre indéfini, qui se recompose sans répit, un lieu ne se limitant ni à la dune, ni au froid de novembre, c’est-à-dire, sans géographie précise, loin d’une idée de recueillement : un chiffre brisé. L’écriture suivante aura eu lieu à l’ombre du Morne Larcher, une sorte de maraude, disons, de sa propre conscription. La traversée d’après, discontinue, et aux innombrables itinéraires, s’est faite dans le voisinage du 29, et plus haut, dans l’avenue Junot, en face du café Marcel où nous avons été à pied dans l’impossibilité de se voir. Il ne sert à rien de dire des noms de mois, ni de personnes, car l’évidence repose justement sur ce qui échappe à la documentation. Il me reste à dire le mot de photographie, qui doit son ahurissement au cheval. C’est cela qu’il me reste de ce livre dont la pellicule se recouvre d’une poussière de guerre.
—N.
Comments are closed.