Annie Muktuk et autres histoires
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Norma Dunning
Traduit de l’anglais par Daniel Grenier
Prix littéraire Danuta Gleed 2017
Livre de l’année INDIEFAB 2018 (nouvelles)
Prix Howard O’Hagan 2018 pour la nouvelle
Annie Muktuk, les hommes la désirent et se l’arrachent. Elle règne avec sa beauté légendaire et sa gloire chimérique sur le petit monde d’Igloolik. Des visages hauts en couleur prennent aux tripes. Josephee, se fiant à la ruse des Esprits, amène sa femme Elipsee sur le territoire dans l’Arctique pour la guérir du cancer. Husky, agent de la Compagnie de la Baie d’Hudson, vit rondement avec ses trois épouses, Tetuk, Alaq et Keenaq jusqu’au jour où ils partent ensemble en vacances dans le sud. Ces récits drôles et crus disent le racisme, l’aliénation, mais aussi la tendresse, le sexe et l’humour. Annie Muktuk touche au cœur de ce que signifie être inuit.
J’ai appris quelques trucs importants au cours de mes trente et quelques années de vie. Ne tombe pas en amour. Baise-les lentement. Baise-les fort. Et ne les baise jamais deux fois. Le sexe, c’est ma matière forte. Ça me donne de la puissance. Ça m’apporte un étrange réconfort.
Romancière inuit, Norma Dunning écrit les légendes de ses ancêtres et creuse les chemins de son identité. Elle vit à Edmonton où elle enseigne les savoirs autochtones. Acclamé par la critique, Annie Muktuk est son premier livre.
Point de vue de l’auteure
C’est le texte d’un anthropologue de l’Arctique canadien qui m’a poussée à donner vie à Annie Muktuk, le personnage principal du recueil. Il dépeignait les femmes inuit comme des objets, des commodités. Je me suis demandé, pourquoi ne représente-on jamais les femmes autochtones en pleine maîtrise de leur sexualité? Annie Muktuk vient de cette colère-là. Je voulais attirer l’attention sur ces stéréotypes sexuels persistants.Les seize nouvelles abordent aussi l’histoire des Inuits au Canada. Je raconte les pensionnats et je raconte mon grand-père, Husky Harris. Même si l’œuvre se présente comme fictive, il y a au moins, au moins, 95,5% de vérité dans ce que j’ai écrit.Ce que je sais de mon propre peuple inuit et de mes propres ancêtres, quelles que soient nos circonstances, nous sommes capables de rire et je pense que ce rire doit également figurer dans l’histoire.
Point de vue du traducteur
Elle est puissante, Annie. Ce n’est pas seulement de la magie qui l’habite, ou qui habite les personnages gravitant autour d’elle. Ce ne sont pas que des mythes et des pouvoirs surnaturels qui sourdent d’elle et de ses comparses. Non, la puissance d’Annie Muktuk est ailleurs, dans un trait d’encre dessiné sur le menton, dans un talon frappé sur le rebord d’une baignoire, dans les images du quotidien, conjurées et réappropriées, dans une langue qu’on avait emprisonnée entre deux épingles. Une langue qui revendique sa liberté.
Nouvelles 978-2-89712-740-4 23,95$ 208 pages
10 mars 2021 (Québec)
6 mai 2021 (France/Belgique/Suisse)Disponible en format papier et numérique
- Photo © Emily Welz Studios
Ce que la presse en dit
Annie Muktuk sonde les chemins et les racines de l’identité inuite à travers une série de récits et de personnages colorés et éminemment drôles, qui témoignent tout autant du racisme et de l’aliénation que de la tendresse, de l’amour et l’espoir.
Anne-Frédérique Hébert-Dolbec, Le Devoir
L’esprit inuit, c’est ce qui traverse ce délicieux recueil de nouvelles… Dans la vraie vie, Norma Dunning écrit les légendes de ses ancêtres et enseigne les savoirs autochtones dans la ville d’Edmonton. Et ces ancêtres, ils sont partout au fil des pages. Ils ont laissé des traces, des pistes, des indices derrière eux pour que leurs descendants les déchiffrent. Et pour qu’ils retrouvent leur chemin, même en pleine tempête.
Caroline Montpetit, La Presse
Sans artifices et avec aplomb, Norma Dunning livre des récits inuits qui nous confrontent à nos préjugés.
An Tran, Métro
Les nouvelles de Dunning, nuancées et ressenties, vont au cœur de ce que signifie être inuit, dans ce lieu sacré où les chants du Nord sont encore chantés, les visions sont tangibles et les Esprits parlent encore. Depuis ce lieu, il est possible de rire de ceux qui veulent détruire. Depuis ce lieu, la dignité est intacte et le lien avec le passage des saisons est ininterrompu. Ces histoires puisent force et lumière du chagrin de ce qui a été perdu .Kristine Morris, Foreword MagazineLe meilleur recueil de nouvelles de l’année. Les nouvelles imprègnent les mythes inuit de réalité, creusent les effets du colonialisme et plongent dans les représentations coloniales des Inuit. Des nouvelles écrites avec cœur et un humour contagieux.Michael Melgaard, National PostDunning a écrit ces nouvelles en réponse aux représentations ethnographiques des Inuit et le résultat est un livre extraordinaire. Les personnages rient, plaisantent, boivent, et font l’amour (beaucoup beaucoup l’amour!).Kerry Clare, Pickle Me ThisBien que Dunning aborde des réalités contemporaines difficiles pour les Inuit, elle arrive à y tisser des moments d’humour qui donnent corps à ses personnages, les rendant pleins et complexes.Matthew Stepanic, Where.caC’est un voyage profond dans la vie des Inuit. La nouvelle, Annie Muktuk, est tantôt amusante, tantôt violente, tantôt rusée.
Sarah Murdoch, Toronto Star
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