Shazia Hafiz Ramji, Quill & Quire
Entretien de Yara El-Ghadban avec Safa Bannani, « L’histoire d’Ariel Sharon, c’est mon histoire. Et mon histoire à moi, c’est la sienne »
Tel Aviv, 4 janvier 2006. Le premier ministre Ariel Sharon sombre dans le coma. Il demeure inconscient huit ans jusqu’à sa mort en 2014. Que se passe-t-il dans la tête de Sharon? Le roman donne corps et voix à un chœur de femmes, Véra, Gali, Lily et Rita qui le mettent face à ses horreurs et à son humanité. Elles le guident vers la lumière quand les ombres de la mort l’assaillent.
Extrait
M’en voudraient-elles si j’enlevais à chaque lettre de ton nom sa noirceur? À chaque date de ton histoire, sa violence? Si je t’enlevais la mort et te prêtais la vie? M’en voudraient-elles si je me glissais là où elles t’ont vu nu? Si je te débarrassais de toutes ces couches. Ta peau de guerrier, ton masque de politicien? Ne reste que toi face à moi? Que tu sois personne? Que je sois personne?
Soyons personne. Soyons ensemble sans visage. Perdons-nous dans ce long sommeil. Dévoilons tous nos visages.
Pose-moi la question : quel est ton nom? Je nommerai toutes les femmes.
Pose-toi la question : qui suis-je? Toutes les femmes te répondraient. Leur voix est ma voix.
Romancière et anthropologue palestinienne, Yara El-Ghadban vit et écrit à Montréal. Elle a publié les romans L’ombre de l’olivier (Mémoire d’encrier, 2011) et Le parfum de Nour (Mémoire d’encrier, 2015). Je suis Ariel Sharon est son troisième roman.
Roman 978-2-89712-568-4 19$ 136 pages
12 septembre 2018 (Québec)
8 octobre 2018 (France/Belgique/Suisse)
Disponible en version papier et numérique
I Am Ariel Sharon is a stunning work of polyphony that creates a porous conversation between the liminal and the living – between Arik in a coma and the women who were close to him. The final chapters are chilling in their embodiment of voice, bringing unity to the kaleidoscopic novel. It is often said that writers have to find their voice before beginning a work. El-Ghadban’s voice (in a fluid translation by Wayne Grady) has the power of a spell.
Shazia Hafiz Ramji, Quill & Quire
Entretien de Yara El-Ghadban avec Safa Bannani, « L’histoire d’Ariel Sharon, c’est mon histoire. Et mon histoire à moi, c’est la sienne »
Ce chœur des femmes, ces Véra, Gali, Lily et Rita, met le vieux lion affaibli et inconscient face à ses horreurs et à son humanité. Elles le guident vers la lumière quand les ombres de la mort l’assaillent.
Raymond Desmarteau, Radio-Canada International
Dans ce livre savamment documenté par une anthropologue, c’est plutôt le talent d’écrivain qui nous fait comprendre que derrière chaque être humain, qu’il soit héros ou bourreau, défilent les voix des autres, avec leurs propres bagages déposés sur l’écran de nos consciences, il n’est pas question de faire de procès moral. Il faut plutôt tenter de braquer la lumière sur l’altérité afin de saisir une partie de son caractère insaisissable. Or, étant donné la complexité historique et géopolitique du roman, on ne peut que s’incliner devant la sensibilité et le souci d’objectivité de cette plume prometteuse farouchement fluide et que le théâtre gagnerait à découvrir.
Maya Ombasic, Le Devoir
Ici réside la grande intelligence du livre de Yara El-Ghadban qui, reprenant et dépassant la célèbre formule de Spinoza, réaffirme que la littérature peut à la fois rire, pleurer, haïr et comprendre. Avec Je suis Ariel Sharon, Yara El-Ghadban propose une autre logique, féminine, poétique, humaine, dépassant le seul conflit israélo-palestinien et rappelant cette vérité fondamentale : aucun.e humain.e ne peut nier l’humain.e en l’autre.
Paul Kawczak, Lettres Québécoises
Yara El-Ghadban’s Je suis Ariel Sharon, published by Mémoire d’encrier in Montreal. A Palestinian novelist imagines what’s happening in Ariel Sharon’s mind during his eight years in a post-stroke coma. Contrary to what some might expect, the book is in no way dogmatic or narrowly partisan. El-Ghadban, like any good novelist, is on the side of everyone who’s suffering, so all her characters feel real, contradictory, flawed and alive.
Steven Heighton, The Globe and Mail (article de Brad Wheeler)
Dans son dernier livre, « Je suis Ariel Sharon », Yara El-Ghadban traque l’«humanité» d’Ariel Sharon. Ce qui signifie pour elle l’aspect paradoxal de tout.e un.e chacun.e. Nous choisissons d’agir de telle ou telle façon, avec compassion, avec cruauté, avec mépris, avec tendresse etc. Et elle cherche à comprendre comment lui, Ariel Sharon, justifiait ses actes à ses propres yeux. Pour cela les faits ne suffisent pas, c’est tout le travail de l’écrivain.e et de la fiction, de l’imaginaire, qui peut permettre cette compréhension.
Revue Erap, Échanges Rhône-Alpes Auvergne Palestine
Usant de toutes les tonalités littéraires, la prose de Yara El-Ghadban vient déplacer le regard. Habitué-e de l’histoire rabâchée des manuels scolaires et autres majors des médias, le lecteur-trice sera transporté-e dans l’œil du cyclone, dans le calme apparent de l’hôpital, enveloppé-e au plus près par la guerre qui continue sa déflagration. Moins naïf-ve, il-elle se laissera emporter par le contexte et la plume qui conjuguent avec panache émotions et histoire(s).
Camille L., Le journal des alternatives
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